Fan de… Gilles Apap

C’est en zappant un soir de l’année 2004 que mes yeux se retrouvent sur ARTE qui propose un documentaire racontant le voyage en Inde d’un violoniste français qui m’était jusque là inconnu… vous aurez deviné qui.

L’Inde et le violon dans une même soirée ? Obligée de rester.

Gilles Apap

J’y découvre un être peu banal, français d’origine mais qui a jeté son dévolu sur la campagne américaine et qui s’y est installé, loin du tumulte qu’apporte bien souvent le succès.

Son jeu

Les codes de la musique classique, il les fuit. Pour Gilles Apap, qui a souffert du tourbillon infernal des concours, le violon doit se jouer sans crispation ni raideur. Pour preuve, le soliste déambule lors des concerts parmi les musiciens de l’orchestre lorsque d’autres resteraient figés près du chef d’orchestre, presque tenus à sa baguette.
Même ses tenues de concert sont prétexte à dire « je fais ce que je veux ! ». Que le premier qui ait vu Gilles jouer sur scène en costume noir, veste blanche me fasse signe !

Vous ne serez donc guère surpris d’apprendre qu’il dénonce à sa manière l’éducation musicale européenne qui ne se détache que trop rarement des cadres d’une partition.

En Inde, il apprend davantage à s’éloigner des notes écrites et tente de sublimer la transmission orale du maitre qui l’accueille en répétant les thèmes des ragas qu’il lui apprend. A moins que ce ne soit l’inverse dans cette vidéo…

D’un point de vue technique, nul ne peut jouer une musique indienne avec un poignet de français ! Essayez, c’est impossible.

Cette musique demande une souplesse de la main gauche qu’il serait bien difficile à acquérir pour nous. Quant à la main droite, elle n’est pas oubliée. Surtout que les Indiens ont l’air de ne pas connaitre la pulsation, ou tout du moins en ont-ils une autre et que les rythmes bougent en permanence pour nos oreilles occidentales.

Ce documentaire, Apap Masala, résume donc bien le violoniste que Sir Yehudi Menuhin lui-même avait aimé appeler « le violoniste du XXIème siècle ».

Apap Masala de Gilles Apap

Ses influences

On les retrouve dans ses célèbres cadences. On écouterait volontiers sa version du Concerto pour Violon en Sol Majeur de Mozart juste pour la cadence du dernier mouvement qu’il a écrite.

Tous ses amours s’y retrouvent mélangés dans un merveilleux méli-mélo de sonorités ethniques et traditionnelles : les ragas indiens, les chansons country de sa terre de cœur, les thèmes des Pays de l’Est, les gigues irlandaises… Et tout cela dure 10 minutes. Dix minutes pendant lesquelles Gilles nous fait voyager à travers le monde entier !

Thème du Rondeau du Concerto en Sol Majeur – Wolfgang Amadeus Mozart

Et histoire de vous faire une petite idée du style Apap…

Gilles Apap

Je n’ai pas osé participer à sa master class au Conservatoire de Rouen lorsque j’y finissais mes études de violon, j’étais bien trop intimidée à l’époque.

J’ai néanmoins eu la joie de l’écouter plusieurs fois au théâtre Charles Dullin quelques années après, mais aussi de jouer à ses côtés au Zénith de Rouen lors du festival des Transeuropéennes.

Je garde en mémoire sa facilité déconcertante de jeu, son sourire et son humour, sa simplicité et son plaisir de partager sa passion avec les autres. Merci Gillou pour tout ça !

Source photos de Gilles : gillesapap.com

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