J’ai longtemps pris pour des maniaques les gens qui passaient je ne sais combien de coups de chiffons sur leur violon… Jusqu’au jour où j’ai compris qu’un instrument méritait qu’on le chouchoute et que la seule personne qui pouvait le faire au quotidien (oui oui je sors mon violon tous les jours bien sûr…), c’était moi.
Les astuces sont simples, rapides et amélioreront certainement la sonorité de votre instrument à cordes si vous les adoptez régulièrement (au lieu d’une fois par an auparavant 😉 ) !
1/ La colophane a les défauts de ses qualités
La colophane, ça colle (sans blague !) ! Autant elle est indispensable pour émettre un son, autant votre instrument ne vous remerciera pas si vous ne l’essuyez pas avec un chiffon en coton doux et sec après votre séance de travail. Une épaisse couche de colophane nuit à la sonorité de votre instrument, il est donc important de faire ce petit nettoyage : les cordes, la table, la touche, les éclisses, même la baguette de l’archet. Presque tout y passe !
Illustration de Quentin Blake, extraite du Violon d’Yvon
Par la même occasion, vous essuierez la sueur qui s’est déposée. Elle est corrosive. En l’éliminant, la durée de vie de vos cordes augmentera.
Temps estimé : 15 secondes
2/ Viens boire un p’tit coup !
Même en respectant le point n°1, vos cordes se trouveront encrassées par la colophane au bout d’un certain temps. Prenez alors votre chiffon et mettez-le entre la table et le manche pour protéger le vernis (très important et OBLIGATOIRE !) car les cordes réclament une tournée ! Sortons donc l’alcool pour les satisfaire et ici aussi, c’est comme toujours : avec modération. Déposez une goutte d’alcool à 90° (70°, ça marche aussi) sur un coton et frottez délicatement les cordes avec. La colophane s’en va en un tour de cuillère à pot (non, même pas deux) ! Vous pouvez aussi nettoyer la touche avec cette même astuce mais veillez toujours à protéger le vernis de la table.
Temps estimé : 2 minutes (1 min 45 de préparation du matériel et de l’instrument, 15 secondes de nettoyage)
3/ De la chaleur… mais pas trop ! De l’humidité… mais pas trop !
Ce titre ne vous rappelle-t-il pas le sketch d’Anthony Kavanagh (gné ? … C’est quoi le rapport ?) ? Mais si, celui sur les femmes à la recherche de l’homme idéal (« macho… mais pas trop ! musclé… mais pas trop ! » C’est tellement ça.). Je parle, je parle mais… La chaleur trop importante fera des dégâts sur le vernis. Ne laissez donc jamais votre boite dans la voiture en plein soleil pour deux raisons : vous ne voulez pas qu’on vous la vole (Ha. Ha. Ha.) et vous ne voulez pas vous retrouver avec un instrument dont le vernis aura fondu. Mais à moins que vous ayez l’esprit préoccupé par autre chose (ce qui, soit dit en passant, concerne rarement les hommes), je pense qu’il y a peu de chance pour que cela arrive.
En revanche, l’humidité est plus mesquine car nous ressentons moins ses variations. Ce qui n’est pas du tout le cas du bois de votre instrument. Mon nouvel étui de violon contient un petit instrument très pratique qui mesure le taux d’humidité qui peut varier entre très sec/normal/humide. La flèche bouge régulièrement mais reste dans la normale. Méfiez-vous des endroits secs de votre habitation et éloignez votre boite des points de chauffage. Vous n’êtes pas convaincu ? Faites un test si vous avez une de ces boites avec un hygromètre : mettez la boite vide (sans l’instrument et l’archet) contre un radiateur en marche. Le résultat devrait être probant.
Temps estimé : aucun, c’est du bon sens 😉
4/ Direction la cuisine !
« De mieux en mieux » me direz-vous ? Attendez de voir un peu l’astuce de grand-mère que vous a dégotée Mamie Caroline !
Prenez quelques grains de riz sec (le moins cher que vous ayez) et mettez-les dans votre violon ou votre alto en les incorporant dans la caisse par les ouïes (je suis moins sûre que ça marche pour un violoncelle et une imposante contrebasse !). Secouez légèrement l’instrument quelques secondes. Retirez les grains en retournant l’instrument tout en continuant à secouer avec délicatesse.
Réitérez l’opération si nécessaire.
C’est très rigolo à faire et le résultat vous surprendra !
Temps estimé : 3 à 5 minutes
Degré d’amusement : 5/5 !
5/ Jouez !
Photographie d’Andrea Mosconi : Dave Yoder
Saviez-vous que le conservateur du musée de Crémone où sont exposés de fabuleux Amati et Stradivarius sort chaque matin les violons de leur vitrine pour les jouer ? Comme un humain qui resterait assis des heures ou une voiture qui ne roulerait pas pendant des jours, un instrument qui resterait dans sa boite se fatiguerait. Alors jouez ! Une fois par semaine me semble être le minimum. Pensez-y pendant les vacances si vous ne partez pas. 😎
Temps estimé : 1h30 d’orchestre chaque mardi avec un Ensemble formidable
6/ « Et moi dans tout ça ? » dit l’archet
Cette astuce m’a été révélée par Camille, la fille de notre chère présidente Catherine, qui vient prêter main forte aux violoncelles lors de nos concerts. :happy: Si la mèche de votre archet est encrassée au talon, prenez un morceau de sucre et armez-vous d’un peu de patience. Frottez le morceau de sucre contre la mèche pour retirer les saletés (si besoin, détendez la mèche de votre archet). Vous retarderez ainsi votre prochaine visite chez le luthier.
Temps estimé : 2 à 15 minutes, selon l’encrassage de la mèche
Vous avez deux mains gauches ? Vous avez trop peur de tout casser ?
Si toutefois vous ne vous sentez pas capable de réaliser seul certaines de ces astuces, je vous recommande d’aller voir votre luthier préféré qui se fera un plaisir de vous aider.
Illustration de Quentin Blake, extraite du Violon d’Yvon
Merci Caroline pour ces bons conseils.
Je trouve la photo du musée de Cremone un peu triste, tous ces beaux violons en cage, même s’ils sortent quelques minutes tous les jours.
Ouvrez, ouvrez la cage aux violons……….et laissez s’envoler leurs belles mélodies…
Bon, j’arrête la poésie c’est promis.
Bises
De rien, si ça peut aider ! 😉
Après ces excellents conseils de Caroline, je sens que le son de l’Ensemble Amati va être métamorphosé. J’ai hâte d’être à mardi.
Le chef.
PS : La semaine prochaine : 6 astuces pour entretenir son chef de musique.
J’ai envie de te dire : chiche !
Merci pour ces astuces et conseils.
Je veillerai désormais à nettoyer d’une manière plus méticuleuse et plus régulière mon violon et mon archet.
Bonjour,
Je suis tombée par hasard sur votre blog. Très bien pour le nettoyage de cordes avec l’alcool… En revanche je me permets de vous dire qu’étant enfant je nettoyais mon talon avec le sucre comme m’avait dit ma prof et je me suis faite jeter par mon luthier quand il a appris ça ! Remplacer la crasse par du sucre n’a jamais été une solution de propreté et bonjour le résultat sur les cordes. Petit mélange s’impose pour l’archet. À l’occasion je le lui redemanderai… Mais il vaut mieux faire un petit tour chez le luthier de temps en temps et lui faire nettoyer l’archet directement. Ça ne coûte rien ! 😉
Bonjour !
Cette astuce du sucre ne remplace effectivement pas un bon nettoyage chez le luthier (à vrai dire plutôt un changement de mèche). Il s’agit seulement de retarder un peu cette opération en enlevant le plus gros.
Quant au remplacement de la crasse par le sucre, je pense que ce n’est pas le cas. C’est comme quand on fait un gommage pour le corps ou le visage, on enlève les peaux mortes grâce à des grains puis on rince le tout. Pour la mèche c’est pareil, le sucre n’est qu’un moyen de désincruster la saleté, ensuite évidemment on enlève tout ça en détendant la mèche et/ou en soufflant dessus. 🙂
Mais je reste curieuse de savoir pourquoi votre luthier ne l’approuve pas.
Merci de votre visite ! 🙂
Très sympathique votre article 🙂 J’aime beaucoup comment vous l’avez tourné !
Merci ! 😉