Et si Mozart n’était qu’un copieur ?

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D’après notre sondage, vous êtes à ce jour 68% à préférer le répertoire classique parmi tous ceux de la musique savante. Qui d’autre que Wolfgang Amadeus Mozart peut mieux caractériser cette période de l’histoire de la musique ? Mais jusqu’où était-il l’inventeur d’un nouveau genre ? Et si Mozart n’avait fait que reprendre des thèmes écrits par d’autres ?

le jeune Mozart

Cet été, la nouvelle formule de l’émission La Boite à Musique de Jean-François Zygel sur France 2 présentait chaque semaine un compositeur autour d’un thème. Après Beethov’on the Rocks, Schubert Songwriter, c’était au tour de Mozart Superstar d’entrer en scène en août dernier. Des titres bien accrocheurs et quelque peu fantaisistes mais au contenu néanmoins intéressant. Le quizz de cette émission a troublé les invités qui devaient trouver si le thème joué avait été écrit par W.A. Mozart. Je vous propose ici de partager leur mon étonnement.

Où les oreilles de Mozart ont-elles bien pu trainer ?

Bien sûr, beaucoup de compositeurs se sont inspirés de leurs prédécesseurs. Brahms fut inspiré par Beethoven, qui lui-même fut inspiré dans sa jeunesse par Mozart. Et Mozart ? On pense souvent que Mozart est une époque, un style reconnaissable entre tous. Et c’est vrai ! Mais voyons maintenant d’où venait son inspiration…

L’autre Bach

Jean-Chrétien Bach, le dernier fils de Jean-Sébastien, a considérablement inspiré le jeune Mozart alors que celui-ci n’avait que 8 ans. A cette époque, le petit prodige et sa famille sont en pleine tournée selon la volonté de Léopold, le père de Mozart, qui souhaite présenter à l’Europe le talent précoce de ses enfants. Jean-Chrétien les rencontre à Londres pour la première fois. Il y fait découvrir à Wolfgang Amadeus le pianoforte (il ne jouait jusque là que de l’orgue, du clavecin et du violon) et l’opéra italien. Par la suite, les deux musiciens deviendront amis et une profonde admiration ne cessera d’envahir Mozart jusqu’à la mort de celui qui l’avait si grandement influencé et dont l’absence allait laisser selon lui une perte immense pour la musique.

Jean-Chrétien Bach

Andante – Jean-Chrétien Bach

Sans doute vers l’âge de 15 ans, Mozart écrit une série de trois concertos pour clavier qui n’est autre (oserais-je dire) qu’un bel arrangement des sonates n°2, n°3 et n°4 op.5 de Jean-Chrétien Bach.

1er mouvement de la sonate n°2 op.5 – Jean-Chrétien Bach

1er mouvement du concerto n°1 en ré majeur K 107 – Wolfgang Amadeus Mozart

La bataille des virtuoses

Muzio Clementi est un compositeur contemporain de Mozart. Il rencontre beaucoup de succès, notamment auprès de Marie-Antoinette qui le recommande à son frère Joseph II, empereur d’Autriche. Celui-ci organise une joute musicale, à savoir un concours entre deux musiciens de renom. Un duel au clavier oppose les deux virtuoses du moment, Clementi et Mozart, le 24 décembre 1781.

Muzio Clementi

Wolfgang Amadeus relate les faits dans une lettre adressée à son père :

Après les compliments d’usage qui durèrent assez longtemps, l’empereur déclara que c’était à Clementi de commencer. Il improvisa puis joua une sonate. L’empereur se tourna ensuite vers moi : « A vous, allez-y ! ». J’ai improvisé et joué des variations. Sur quoi la grande-duchesse apporta des sonates de Paisiello, j’ai dû en jouer les allegros et Clementi les andantes et les rondos. Ensuite, nous y avons choisi un thème et l’avons développé à deux pianoforte.

Mozart gagne la confrontation et se conforte dans l’idée que Clementi « n’a pas un sou de sentiment, ni de goût » et qu’il n’était « en un mot qu’une simple mécanique ». Clementi, qui vénérait Mozart, apprendra plus tard le fond de sa pensée et en sera très choqué.

Néanmoins, et malgré tous ses dires, Mozart s’inspira de ce compositeur italien. Vous vous souvenez de la sonate de Clementi dont parle Wolfgang Amadeus dans sa lettre ? Il en reprend le début du thème et l’inclut dans son ouverture de la Flûte Enchantée. Voici comment…

N’hésitez pas à augmenter le volume sonore, les deux extraits commencent très piano.

Sonate en si bémol op.24 – Muzio Clementi

Ouverture de la Flûte Enchantée – Wolfgang Amadeus Mozart

Mais alors, il nous aurait dûpés ?

Bien entendu, comme l’a dit Jean-François Zygel dans son émission, Mozart était un de ces grands créateurs qui ont su prendre quelque chose qui était dans l’air du temps et qui l’ont mieux fait que d’autres. Peu importe donc ses influences, sa force est venue du talent de ses pairs sur lequel il a su s’appuyer. Il a ainsi pu prendre son envol avec génie et nous proposer toute l’oeuvre qu’on lui connait désormais.

Si Mozart est l’un de vos compositeurs préférés, un petit détour par notre calendrier devrait vous plaire.

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