Cette année, notre projet majeur est la présentation de la Messe du Couronnement de Mozart. Nous la jouerons notamment au profit des Restos du Coeur à Grand-Quevilly, Yvetot et Dieppe en collaboration avec les Choeurs de l’Agglo.
Si vous ne connaissez pas cette oeuvre, je ne peux que vous la recommander. Comme beaucoup de musiciens d’Amati, je l’ai vraiment découverte lorsque notre chef nous a parlé l’année dernière de son projet pour notre saison musicale 2012/2013. Plus j’écoute cette messe, plus j’en décèle les détails qui n’avaient jusque là pas marqué mon attention. Je vous propose aujourd’hui de découvrir le contexte dans lequel elle a été écrite.
Le couronnement de qui ?
Datée du 23 mars 1779 à Salzbourg (aujourd’hui en Autriche*), l’oeuvre a été créée à la cathédrale de la même ville le dimanche de Pâques 4 avril 1779. Une incertitude demeure quant au titre de la messe : la Messe du Couronnement.
Certains évoquent la fête annuelle donnée en l’honneur de la commémoration du couronnement d’un tableau de la Vierge, sauvé des flammes, situé en la basilique baroque de Maria Plain, aux portes de la ville. D’autres suggèrent plutôt que le titre aurait été donné suite à la représentation de l’oeuvre lors des couronnements impériaux à Prague. D’autres encore annulent les deux premières hypothèses en mettant en avant le fait que la messe aurait acquis son surnom au XIXème siècle à la cour impériale de Vienne.
Dans ces conditions, difficile de s’y retrouver ! Je vous propose de choisir la version qui vous semble la plus plausible parmi celles-ci puisque de toute façon, le mystère reste entier à ce jour.
*En cette année 1779, Salzbourg ne fait pas partie de l’Autriche. La ville est une principauté du Saint-Empire Germanique. D’ailleurs, Mozart lui-même ne se considérait pas comme autrichien mais comme allemand.
Fuir la tyrannie à tout prix !
En 1777, alors que Mozart est âgé de 21 ans, celui-ci entreprend de faire un voyage en Europe (comme il l’avait fait petit) pour fuir Salzbourg où son employeur tyrannique le Prince-archevêque Colloredo le traite mal et où il n’a aucun avenir. Colloredo accepte de le laisser partir à une condition, qu’il démissionne ! C’est ce qu’il fait. Mais l’archevêque réussit à faire pression sur Léopold (le père de Mozart) qui, lui, se devra de rester à Salzbourg sous ses ordres.
Mais Mozart n’a aucune idée de la valeur de l’argent. S’il part seul, il se fera voler, Léopold en est certain. C’est donc sa mère, Anna Maria, malgré un caractère faible et facile, qui l’accompagne.
L’Europe retrouvera-t-elle son petit prodige ?
Du 23 septembre 1777 au 19 janvier 1779 (année de la composition de la Messe du Couronnement), Mozart passe par Munich où il vit sa première désillusion lorsque le prince de Bavière lui annonce qu’il n’y a pas de place pour lui à la cour. Il rejoint alors Augsbourg, la ville de son père, où il est mal reçu et humilié. Une de ses seules joies sera son amitié nouvelle avec sa cousine. Puis c’est à Mannheim qu’arrivent Wolfgang et sa mère. Là-bas se trouve l’orchestre le plus réputé d’Europe, autrement dit du monde à cette époque. Mais Mozart découvre rapidement qu’ici aussi il doit fournir la preuve de sa propre valeur :
J’ai cru ne pas pouvoir m’empêcher de rire lorsqu’on m’a présenté aux gens. Quelques-uns étaient polis et pleins de respect. Mais d’autres, qui ne savaient rien de moi, m’ont regardé avec des yeux ronds, de manière assez ridicule. Ils pensent – parce que je suis petit et jeune – que rien de grand et de mûr ne peut être en moi ; mais ils en feront bientôt l’expérience.
Mannheim est aussi le lieu de sa première émotion amoureuse puisqu’il y rencontre la jeune et talentueuse cantatrice Aloysia Weber, qui finira par se refuser à lui. Cet amour impossible plongera Mozart dans un profond désarroi et une douleur immense.
A l’époque, on dit que Paris est le seul endroit où l’on peut gagner de l’argent et se faire honneur. Mozart s’y rend le 23 mars 1778, toujours accompagné de la figure maternelle. La capitale française est le théâtre d’une vie musicale trépidente. Mozart y compose notamment une nouvelle symphonie destinée au Concert Spirituel. C’est un succès. Malgré tout, il se met très vite à détester Paris :
Les Français sont et resteront des ânes, ils ne sont capables de rien et sont obligés d’avoir recours à des étrangers.
Sympa le Mozart hein ? ^^
Ce qui m’ennuit le plus, c’est que ces idiots de Français croient toujours que j’ai encore sept ans… parce qu’ils m’ont connu à cet âge. On me traite comme un débutant, sauf les gens de la musique.
Une mère mourante et un père furieux
A Paris, il vit pauvrement, contracte des dettes et se morfond. Sa mère Anna Maria meurt le 3 juillet 1778 dans leur sombre petite chambre. Le voyage en Europe durant lequel Mozart pensait retrouver la gloire devient un cauchemar. Il peine à rentrer chez lui retrouver son père qui est furieux de la tournure que prennent les événements mais qui, malgré tout, réussit à faire employer de nouveau son fils par le Prince-archevêque. Wolfgang finit par obéir à contrecoeur aux volontés de Léopold : il redevient le domestique de celui qui, plus tard, allait le traiter publiquement de « crétin »…
Voici donc les années qui précèdent la composition de la Messe du Couronnement et le voyage pendant lequel Mozart s’est frotté, malgré tout, à beaucoup d’idées nouvelles. Bien que l’oeuvre fut une commande de l’orgueilleux Colloredo qu’il haïssait, cette messe a été très appréciée de Mozart lui-même. Elle fit partie d’une poignée de partitions qu’il prit lorsqu’il rejoignit Munich en 1781.
Source photo de la basilique Maria Plain : visit-salzburg.net
Source photo Aloysia Weber : wikipedia
Que dire de plus que les autres fois, à part peut-être cette formule bien connue « Vivement dimanche prochain ».
Bise
Et, effectivement, le prochain article devrait te plaire ! Bravo à l’OGT ! 😎